PHILOSOPHIE ET …..QUESTIONS EXISTENTIELLES
(En quoi, l’existence des agences de notation, rend-elle caduque les interpellations existentielles du sens de la vie !)
Etre philosophe, a t-il encore un sens : lorsque la technologie et le pouvoir de la gestion jouent les premiers rôles ? Ceci, lorsque chaque jour, les médias nous abreuvent de péripéties de la bourse, alors que depuis 2 années, apparait dans le discours de nos élus politiques, celui des journalistes ou autres économistes, le vocabulaire des agences de notation, lesquelles, en un temps record, semblent faire la pluie et le beau temps, même lorsqu’elles se trompent comme ce fut le cas avec l’affaire dite de Subprimes aux USA.
Les critères d’évaluation de nos sociétés sont présentement ceux de la rentabilité et le profit commercial et industriel, et avec la spéculation financière = le profit boursier non basé sur la richesse matérielle produite, mais sur la volatilité de l’argent.
Qu’en est-il devenu de l’impératif kantien de traiter l’être humain comme une fin ? Durant les dernières années de ma vie professionnelle, j’ai été consultant en ressources humaines. Lors de contacts avec des DRH (Directeurs de ressources humaines) à propos du personnel, je n’entendais plus parler de Monsieur ou Madame : non, les propos que j’entendais étaient ceux de l’abstraction comptable la plus dégradante ; il était parlé non pas d’humains, mais de plus ou de moins en matière d’effectifs et en période d’économie de gestion : faire des moins devenait l’impératif !
Le discours du philosophe, est-il seulement voué, à n’être qu’un langage pour élites coupées de la vie sociale ; sinon, un langage hermétique, qui explique l’impossible au commun des mortels ?
Apporte t-il, des réponses concrètes aux angoisses et aux souffrances ?
La philosophie est-elle morte ? Mais alors, pourquoi nos élites dirigeantes recherchent la caution de quelques philosophes amarrés au système, pour légitimer leurs actions et dont les ouvrages sont best Sellers.
La science elle –même, n’a plus besoin de philosophes ! Elle règne en maître, sur tout ce quia trait aux questions matérielles de la vie humaine. Cependant, les personnes de nos sociétés, restent dans l’incertitude absolue, s’agissant des choix des valeurs auxquelles nus devons situer notre existence. Comme il est écrit dans l’ouvrage « Les grandes questions de la philo « (1)…. »Les anciens trouvaient dans l’harmonie d’un monde clos, le cosmos, de quoi donner un sens à leur existence……..L’homme moderne, inventeur des sciences expérimentales, se trouve démuni dans un espace de venu infini, et mathématisable, vide de toute sacralité »
Et j’ajoute : même si la théorie générale de la relativité d’EINSTEIN, est prochainement remise en cause, cela ne réglera pas la question ultime du sens de la vie .Pourquoi la mort ? Le bien, le mal, l’accès et les difficultés pour la justice, les droits et les devoirs….. ?
Les progrès gigantesques de sciences et des techniques, ont conjointement crées de nouvelles contradictions : chômage, exclusions multiples, menace de l’épuisement des ressources naturelles, risque de destruction de la planète par l’arme atomique et celles biologiques, bactériologiques.
Lors de la période antique, le philosophe était un sage .Il exprimait par le langage, un mode de vie et de pensée.
SOCRATE par exemple, dialoguait dans la rue (pour faire accoucher le savoir) : la maïeutique ; il interrogeait et ainsi, ceux et celles avec lesquels il le faisait, se remettaient en cause, et ce, y compris dans leur manière de vivre.
De nos jours, le discours philosophique, ne peut plus proposer seul, une vision globale du monde.
La diversification et la spécialisation des disciplines scientifiques ont rendu impossible, l’ambition philosophique de totaliser tout le savoir.
Cependant, le savoir philosophique a une fonction critique qui lui est essentielle. Il est fait pour fonctionner, il intervient sur des connaissances établies en dehors de lui .Cependant, il peut mettre en perspective, interrelier, mettre en dialogue, le rapport global de notre pensée et de notre action aux faits et aux choses.
Le philosophe, permet de réévaluer toute chose, à la lumière de la raison, pour répondre à la question du sens de l’existence humaine.
La science, pose des interpellations ultimes, avec la bioéthique, les biotechnologies, la question de l’euthanasie, de la procréation artificielle, etc.
Or, il est d’une façon exacerbée, ce besoin d’une éthique, qui permette de réfléchir sur les normes implicites que ces découvertes font peser sur nos connaissances et nos consciences.
En ce début de IIIe millénaire, ne s’agit-il pas d’une ardente obligation ?
Les philosophes, interprètent différemment le réel dans ses contradictions et mouvements. Il y a plusieurs écoles : celle qui reste basée sur l’idéalisme philosophique, celle du matérialisme intégral, celle de la troisième voie philosophique qui intègre et dépasse matérialisme et idéalisme : c’est à dire principalement la voie asiatique avec l’accomplissement du bouddhisme orthodoxe.
Cependant, tous les philosophes procèdent d’une même exigence :
Celle de rechercher l’intelligible, le lucide, la sagesse et le sens et la totalité. Comme le dit Alain BADIOU : « ce sont des aventuriers du concept »
Il n’ya pas que la problématique du » COMMENT » Il reste celle du POURQUOI et du POUR QUI ?
A l’heure des agences de notation toutes puissantes et surévaluées :
- Messieurs et Mesdames, les Présidents et chefs de gouvernement,
- Messieurs les Directeurs de banque,
- Messieurs des Directeurs des agences de notation,
- Messieurs les péculateurs boursiers, .. Vos pratiques et analyses, permettent-elles de répondre, mieux de résoudre ces grandes questions existentielles à lire ci-dessous. A défaut, alors ,tentez de répondre à l’impératif kantien de traiter la personne comme une fin, mais également toutes les espèces animales, minérales, végétales.
Je liste quelques unes des grandes questions du sens : l’Etre, L’Univers ou Dieu, la mort, l’amour, le bonheur, vérité et justice, bien et mal, le progrès, la liberté et responsabilité, l’exercice des solidarités, la nature, l’Etat, la Science, la raison, les droits humains et les devoirs..
Comme l’ a écrit en son temps un philosophe(2) …. » le langage des biologistes ( et Guy CREQUIE ajoute, des juristes, économistes, physiciens….)brille le plus souvent par sa précision ;mais, lorsqu’on en vient aux concepts les plus communs, sans lesquels aucun avis éthique ne peut-être formulé : être humain, personne, respect, dignité, solidarité,….pareil souci d’éclaircissement semblerait n’être plus requis. »
Copyright Guy CREQUIE
Ecrivain français à finalité philosophique
(1) « Les grandes questions de la philo »Sous la direction de Marie - Reine MORVILLE- Editions Maisonneuve et Larose1998
(2) « Pour une critique de la raison bioéthique »par Lucien SEVE, à l’époque : philosophe membre du comité national consultatif d’éthique-Editions Odile Jacob1994. Ces ouvrages, ne sont pas récents, cependant, il restent des références utiles pour tout chercheur ou passionné par les problématiques évoquées.