LA CRISE DU SYNDICALISME EN FRANCE ET SES RAISONS QUI PUISENT
DANS LE PASSE….. ET LE PRESENT !
Cette
contribution ne se propose pas de passer en revue toute l’histoire et
l’actualité de chacune des centrales syndicales française représentatives.
Signalons également, que dans d’autres pays européens, des syndicats
connaissent également des difficultés d’audience et ou existentielles à partir
de particularités spécifiques et communes.
Certes,
schématique, mon analyse cible les causes principales du déclin du syndicalisme
français.
Bien
entendu, il est d’autres réalités qui ont leurs incidences dans la situation
française : cet éparpillement syndical qui gêne l’efficacité des luttes
sociales et l’attractivité à la syndicalisation, les confédérations syndicales
françaises ont toujours été réticentes à l’idée de l’adhésion obligatoire avec
la cotisation prélevée sur la feuille de paie ou autre système possible.
Egalement
et d’importance, le monde du travail actuel n’a plus la dominante ouvrière
comme au début du XXe siècle : Lorsque les salariés étaient concentrés
dans de grandes unités de production ! Présentement, les catégories : employés,
techniciens cadres et ingénieurs sont majoritaires dans le salariat.
Enfin,
l’existence de structures étatiques ou professionnelles à caractère continental,
rendent plus difficiles la mobilisation vers un ou des interlocuteurs éloignés
des lieux de l’activité et mal identifiés.
Il
y a cependant 2 principaux écueils au développement et à l’attrait du
syndicalisme :
1° Si la CGT née officiellement à Limoges en
1895, conjuguait à l’origine les tendances : révolutionnaire, réformiste,
anarcho-syndicaliste, l’avènement proche de la SFIO en 1905, puis surtout du
PCF en 1920, ont favorisé un syndicalisme de masse et de classe considéré comme
le stade élémentaire, le premier palier du changement sans se substituer à
celui-ci (charte d’Amiens.)
Le
combat syndical, laissait entrevoir un monde meilleur que la perspective
politique concrétiserait.
Principalement,
le communisme a longtemps été cet idéal fédérateur des énergies entretenant le
sens de l’engagement au présent pour un futur meilleur.
Le
syndicalisme chrétien, qui fut le second à se constituer en France au début du
XXe siècle basé sur la doctrine sociale de l’Eglise, proposait une vision
sociale harmonieuse basée sur les valeurs chrétiennes et une théologie du
travail avec des auteurs sociaux d’Albert DE MUN à Gabriel MARCEL,…..
puis, Jean FOURASTIE qui trouvaient la voie de l’équilibre entre le
capital et le travail dans le respect de la dignité chrétienne humaine du
devoir.
La
référence à des auteurs comme MOUNIER, BLONDEL et MARITAIN, permettait de ne
pas estomper la source chrétienne comme guide des rapports sociaux.
Pour
des raisons différentes, les deux perspectives du communisme et du christianisme
n’ont plus en France leur rayonnement d’antan, et surtout, ils sont devenus
dépouillés du rêve ou de l’illusion de lendemains qui chantent auréolées autour
de valeurs universelles partagées majoritairement.
Si
de nos jours, un syndicalisme laïcisé de type CFDT progresse, mais sans être
constitué de millions d’adhérents, c’est que la notion de réforme sans
filiation ou référence à un modèle extérieur, se construit par le pragmatisme
de ses élus, basé sur une créativité de force de propositions du corps social
soumis à la négociation. Il remplace progressivement la disparition de
l’appartenance à une classe, ou celle d’un Dieu fédérateur de la souffrance et
de l’amour ,et ceci : dans un monde de plus en plus individualisé.
2) Le second handicap du syndicalisme, est celui au stade de la
mondialisation des échanges avec des structures étatiques ou professionnelles
dans les grands groupes avec des instances supra- nationales est celui
d’obtenir des résultats tangibles par l’affrontement social :
A
quoi bon se syndiquer puisque en France, l’adhésion n’est pas obligatoire,
syndiqués ou non, tous les salariés bénéficient des avancées ou héritent des
reculs sociaux ? Surtout de nos jours, les résultats obtenus ou la préservation
d’acquis antérieurs résultent plus de la négociation avec les instances
patronales et gouvernementales que par le rapport de force des mobilisations
sociales. De ce point de vue, citons le rôle exacerbé décisif des firmes
transnationales et de la finance internationale.
Alors
: l’avenir semble difficile, mais s’il y a l’arrogance d’une technocratie se
voulant trop triomphante et d’un libéralisme intransigeant débridé, alors, dans
cette triste perspective, l’agrégation du nombre de mécontents et la
dégradation sociale favoriseraient la perspective d’un nouveau courant
politique récupérant et orientant les théories du passé, s’adaptant aux
conséquences de la révolution transhumaniste, et permettrait l’éclosion
dans l’ancrage des conditions régionales, nationales ,d’une sorte de nouvelle
internationale du monde du travail adaptée au IIIe millénaire.
De
ce point de vue, l’affaiblissement en cours des corps intermédiaires avec un
individualisme trop forcené, nuira à la force collective des consciences et au
sentiment d’appartenance à un corps social.
Copyright Guy CREQUIE
Ancien
dirigeant syndical interprofessionnel de 1968 à 1985 – Ecrivain observateur
social dont les 3 derniers ouvrages édités de façon bilingue par l’éditeur
américain Bruce COOK, sont :
-
« Philosophie aujourd’hui- Philosophie demain »
-
« Poésie de la paix et de l’harmonie »
-
Quel devenir pour l’Homo sapiens à l’horizon 2120 »